Pattes de Velours est une marque spécialisée dans la création des leggings de ville intemporels, arty et haut de gamme… Est-ce uniquement une nouvelle marque de vêtements ? Il est certain que sa démarche s’éloigne largement du schéma classique. Avec ses leggings imprimés aux motifs réalisés à la main selon l’art du collage, Pattes de Velours affirme son univers artistique et sa patte avant-gardiste.
Entretien avec Kinga Nogaj, créatrice de Pattes de Velours.
Comment vous-est venue l’idée des leggings imprimés ?
– Tout commence en 2017, lorsque je ne trouve pas ce que je cherche dans les boutiques à Paris, à savoir des leggings imprimés de qualité, à la fois chics et confortables, à porter en dehors des salles de yoga ou des séances de running. A cette époque, le choix se limitait soit à un legging sportswear ordinaire de qualité médiocre, fabriqué en Chine par une enseigne fast fashion, soit à un legging de luxe, proposé à un prix prohibitif. Aucune alternative entre ces deux offres, sans parler du choix de couleurs ou de motifs. J’ai donc décidé de fabriquer mon propre tissu à partir de mes créations artistiques. L’idée qui venait initialement d’un besoin personnel insatisfait, répond en réalité aux besoins concrets de chaque femme: se sentir belle et confortable dans la vie de tous les jours, surtout dans le contexte actuel de multitâches et de télétravail.
Pourquoi avoir choisi les leggings comme support d’impression pour vos collages ?
– La réponse est simple ! Le legging est devenu notre nouvelle paire de baskets ! C’est un basic incontournable de la garde-robe féminine. Chaque femme en possède un. Pourquoi ne pas l’élever enfin au rang d’un vêtement qui nous procure à la fois le confort et la prestance, que l’on peut porter en toutes occasions, aussi bien au travail qu’à un vernissage ? A condition qu’il soit de qualité, fabriqué dans une belle matière et aux finitions soigneuses ! J’étais lassée de porter toujours un legging uni, souvent foncé. Nos jambes méritent aussi d’être mises en valeur grâce à des motifs recherchés et de belles couleurs ! Et puis, j’ai toujours porté des leggings. Rien de mieux lorsqu’on est une jeune maman et que l’on doit courir derrière nos bambins !
Comment réalisez-vous vos collages ?
– Le processus est assez complexe. Un collage créé à la main, c’est plus d’un mois de travail. Plus il est grand, plus le travail est précis et méticuleux. C’est une sorte de méditation, un retour à soi. Je commence d’abord par établir une gamme chromatique, vient ensuite la création du motif, c’est-à-dire l’assemblage des petits morceaux de papier glacé, découpés ou déchirés dans des magazines féminins ou des catalogues de vente que je récupère ici et là. Ce qui m’intéresse avant tout, c’est la mise en accord des formes et des couleurs afin de créer une silhouette élancée. Pour cela, les motifs doivent être subtiles, légers. Chaque collage est une véritable aventure artistique qui me permet également de questionner la notion de l’image, cette représentation préfabriquée à notre intention et que l’on subit en spectateur passif. Mes collages recyclent des images auxquelles nous sommes exposés (surtout les femmes) quotidiennement afin d’en reprendre possession.
Comment vos leggings imprimés sont-ils fabriqués ?
– Une fois le collage fini, il est photographié dans un laboratoire spécialisé et préparé pour l’impression de manière à respecter ses couleurs d’origine. Les motifs sont imprimés sur un tissu particulier en Italie, pays qui possède un vrai savoir-faire en matière d’impression de qualité. Les leggings sont ensuite confectionnés en France en une seule pièce. Le but est de démocratiser la qualité sans faire de concessions, en définissant une coupe discrète et moderne avec un minimum de coutures. Suggérer le luxe discrètement par la matière, les finitions, les motifs originaux. Nous venons de vivre une période sombre, pourquoi ne pas l’illuminer avec des couleurs ?
Et enfin, pourquoi le collage ?
– Certaines fascinations d’enfance restent enfuies en nous, puis resurgissent à l’improviste des années plus tard sans que l’on s’en rende compte…
« L’histoire a beau prétendre nous raconter toujours du nouveau, elle est comme le kaléidoscope : chaque tour nous présente une configuration nouvelle, et cependant ce sont, à dire vrai, les mêmes éléments qui passent toujours sous nos yeux. » (A. Schopenhauer)